La «République turque de Chypre du Nord». Un nom qui dit bien ce qu'il veut dire, comme son drapeau, copie conforme du "Ay yıldız" turc, dont les couleurs rouges et blanches sont inversées.
Et un État qui, création militaire & politique d'Ankara, ne peut s'empêcher, depuis ces quelques dernières semaines, de maudire la livre turque et de peser ses marges de manœuvre pour apaiser la population déprimée minée par une économie chancelante.
Une situation difficile,qui accumule les difficultés depuis plusieurs semaines.
Depuis le début de la crise de la livre, les effets se ressentent amèrement au large du golfe d'Antalya.
Les habitants de la partie nord de Chypre, Turcs chypriotes, qui utilisent la monnaie turque, ont vu leur pouvoir d'achat s'effondrer , pour la bonne raison qu'une partie importante de leurs dépenses se fait dans des devises étrangères, qu'ils changent par conversion de leurs livres.
Les emprunts financiers, l'électroménager ou les loyers sont comptabilisés en euros, en livre sterling ou en dollars et ont vu leur valeur gonfler démesurément au fur et à mesure de l'enfoncement de la livre turque
Dans un pays structurellement importateur (1,67 milliard d'euros de déficit commercial en 2017, dont une grande partie avec l'UE), l'effondrement de la monnaie est ressenti immédiatement et violemment.
À part son lait et ses citrons, Chypre achète essentiellement sa nourriture à l'étranger, et le prix des denrées aurait presque doublé la semaine dernière.
Les entreprises assistent à l'inflation, impuissantes.
Un vendeur auto se plaint au Cyprus Mail d'être sans acheteur : «une voiture qui coutait 40.000 livres il y a six mois vaut maintenant 60.000 livres».
Les smartphones ont augmenté de 20% en 48 heures & les distributeurs n'achètent plus après avoir vendu leur stock.
L'inflation culmine à 20,3%, avec des prévisions de la banque centrale nationale à plus de 13% sur l'année..
Le gouvernement a pris des mesures pour améliorer un peu le quotidien des habitants: la tva sur la nourriture, l'électricité et les produits de base a baissé, et augmenté sur les cigarettes, l'alcool & les casinos.
Transférer la charge fiscale sur les étrangers, le tourisme (20% du PIB) est le seul secteur qui bénéficie de la situation .
Les étrangers peuvent acheter trois appartements au lieu de deux maximum précédemment, et deux maisons au lieu d'une.
Les Chypriotes du sud, qui utilisent l'euro,en profitent : ils passent la frontière et remplissent leur coffre de voiture & leur réservoir. Mais la majorité des visiteurs sont les Turcs, qui sont eux aussi à la livre turque.
Le salaire minimum a été augmenté de10%, (de 2057 à 2279 livres), soit 331 euros (l'ancien montant représentait 430 euros, avant la crise) & le taux de conversion pour les loyers en euros a été fixé.
Fort comme un Turc mais sa livre …..
source : l'économiste Ozlem Cilsal